La personne toxique

Actuellement, c'est la saison des mandarines. L'un de mes fruits préférés. J'ai acheté une caisse de presque 2 kg (ne me jugez pas.), que j'ai déjà presque terminées en moins d'une semaine. Tout d'abord, parce que j'aime en manger, mais surtout parce que j'ai peur qu'elles ne pourrissent trop vite.

J'ai l'habitude d'acheter des fruits en vrac. Cependant, avant même que je puisse en profiter, je me rends compte que le stade de maturation est très rapidement avancé. J'ai donc décidé de faire des recherches sur les méthodes de conservation de fruits (eh oui, je ne fais pas dans la bagatelle.). J'ai appris qu'il y a des fruits qui ne se mélangent pas. Cela peut paraître évident, mais en pratique nous n'y pensons pas vraiment.

Certains fruits, appelés fruits climatériques (un nom bien complexe), dégagent de l'éthylène lorsqu'ils sont cueillis pour continuer de mûrir. Cette hormone végétale est produite sous forme de gaz inodore et incolore. C'est grâce à elle que nous pouvons acheter par exemple des bananes, des avocats, les conserver et les manger plus tard. Par contre, ceux qui ne font pas partie de cette catégorie, comme mes très chères mandarines, nous devons les acheter mûres et ne pas attendre trop longtemps pour les consommer.

Normalement, s'ils ne sont pas mélangés, il n'y a pas de problèmes. Chaque fruit ou légume, fait sa petite vie de son côté. Une fois dans le même panier, c'est là que tout commence à se compliquer. L'éthylène émis par les fruits climatériques va se répandre sur les autres, et va accélérer leur flétrissement.

Pour faire simple et résumer tout ce long blabla scientifique, lorsque j'achète mes fruits préférés, la banane et la mandarine, je ne peux pas les conserver dans un bocal identique. Mes bananes vont bien mûrir, s'embellir, mettre du temps à vieillir, pendant que mes mandarines vont juste pourrir à vitesse grand V. Depuis que j'ai appris cela, il va s'en dire que je ne mets plus mes œufs dans le même panier.

Cela m'a fait directement penser à l'étiquette de personne toxique. Nous considérons les gens de notre entourage, qui nous font du mal par leurs actions comme toxique. C'est souvent vrai. Nous mettons tout en place pour nous en éloigner, pour trouver cette paix intérieure. Nous trouvons surprenant par contre, que d'autres ne vivent pas une expérience similaire. Il n'est pas concevable que quelqu'un qui porte l'étiquette de toxique, puisse être ''sans poison" ailleurs. Malheureusement, il faut l'accepter.

Tout comme l'éthylène, nous pouvons développer et avoir en nous, autant des qualités et de défauts qui nous font du bien. Ils nous permettent de nous construire, de grandir, de faire des erreurs, nous améliorer et évoluer. Néanmoins, une fois que nous rencontrons d'autres personnes, il peut s'avérer que ce que nous dégageons et nous renvoyons à l'autre, n'est pas très positif et fait plus de mal que de bien. Une interaction qui tourne mal avec quelqu'un ne signifie pas que l'un ou l'autre est une mauvaise personne, cela veut juste dire qu'à cet instant t, dans les conditions données, il ne pouvait en être autrement.

Je suis toujours la première à me remettre en question, à me remémorer chaque mot d'une dispute, quelque chose que j'aurais pu dire autrement (ça m'arrive souvent d'avoir en réserve des punchlines, qui ne seront jamais entendues...), tout ce qui aurait pu faire changer le comportement de la personne en face. C'est normal, c'est bien, mais il ne faut pas en faire une fixette. Je l'ai testé à mes dépens en tout cas. Chaque personne est responsable des décisions qu'elle prend. Nous devons juste faire preuve de tolérance, et souvent modérer nos propos. Nous jugeons souvent trop vite. Sans tenir compte du bagage intérieur de l'autre.

Je suis bien loin de légitimer la manipulation, la violence de quelconque façon. Si nous en percevons des signes, il faut juste prendre ses jambes à son cou. Je dis simplement que nous avons tous notre part de toxicité. Nous l'avons été, nous le sommes pour des personnes, mais cela ne remet pas en doute notre réelle personnalité.

L'essentiel est de continuer à apprendre sur nous-mêmes, détecter nos potentielles dérives, travailler ce qui peut être, corriger, accepter, se pardonner et pardonner aux autres.

N'oubliez pas, sachez agencer vos fruits dans votre corbeille.