Je suis petite, mais il y en a là dedans..

Mon père me rappelle une anecdote tout le temps, qui me fait rire à chaque fois. Je la partage avec toi.

J’ai passé mon concours d’entrée au collège à 8 ans. J’étais la plus petite de la région !

Tout au long des épreuves, j’étais entourée de plus grands que moi. Il y avait des jeunes élèves, mais aussi des plus âgés qui passaient le concours en candidat libre. J’étais impressionnée.

Le premier jour de composition, un de ces élèves plus vieux, surpris de me voir, me demanda « qu’est ce qu’une petite fille comme toi fais ici ? » Avec un ton qui se voulait intimidant, j’ai répondu presque instinctivement « je suis petite, mais il y en a là-dedans, en montrant ma tête », avant de rejoindre mon siège. Il s’est mis à rire, et ne m’a plus embêté.

Aujourd’hui encore, mon père se plaît à me rappeler ce petit passage, pour me donner un coup de boost et avoir une meilleure estime de moi.

J’étais petite, innocente, et je ne savais même pas ce que signifiait l'estime de soi, cependant, je me suis affirmée !

J'aurai réagi bien différemment, si la même chose s'était produite maintenant. Je sais, que je me serai remise en question. J'aurai eu des doutes sur la légitimité de ma place, sur mes compétences... Bref, je me serai sûrement engouffrée dans un tourbillon de pensées.

En grandissant, on perd ce regard innocent sur nous-même et cette douceur qu'on a envers notre personne. On devient dur, on se blâme constamment. Cela peut être une façon de nous pousser inconsciemment à la discipline, au travail et à la rigueur. Mais, c'est malsain. C'est très loin de vouloir se rapprocher du perfectionnisme. S'en vouloir et se torturer à chaque fois, nous empêche de nous accepter à notre juste valeur et d'apprécier nos qualités. L'humilité ne naît pas en s'ajoutant des cornes sur la tête. L'humilité nait, lorsqu'on a conscience que malgré nos cornes, nous avons des ailes et une auréole, et qu'il en est de même pour tout le monde.

Le niveau de compétitivité dans la société actuelle est énorme. La pression qu'on peut ressentir, sur notre niveau de vie, l'atteinte de nos objectifs peut atteindre son paroxysme. On doit faire mieux, toujours plus, se réinventer à chaque fois. On court à une vitesse telle qu'on n'a pas le temps de reprendre notre souffle. Il faut qu'on vive pleinement chaque expérience, bonne ou mauvaise. Il faut qu'on apprenne à cesser les ruminations et à faire preuve de clémence envers nous.

Avoir peur, être dans le doute, se mettre des barrières sont des choses normales. Cependant, il faut savoir outrepasser ces états, et s'affirmer.

Même si tout autour de toi, les conditions sont réunies pour te faire douter de tes compétences, de tes qualités, et exagérer tes défauts, mettre en lumière tes lacunes, affirme toi ! Fais-toi entendre à haute et intelligible voix ! Tu es fort.e, intelligent.e , compétent.e! Désolé, pour ceux qui en doutent, car tu ne leur feras pas la faveur de flancher, ou de nier qui tu es pour leur faire plaisir.

Si je n'aime pas, si je n'apprécie pas, si je ne me valorise pas, si je ne me respecte pas, qui le fera à ma place ? Les gens nous voient à travers nos yeux. La projection que tu as de toi, impacte le comportement des autres envers toi.

Je suis bien loin, d'être cette petite fille courageuse, qui tient tête à un garçon plus âgé et beaucoup plus grand. Mais je suis consciente de ma valeur, de ce que j'ai et je peux apporter au monde.

Comme le disait Amel Bent, levons la tête, bombons le torse, faisons les sacrifices nécessaires, pour nous accomplir et être épanouis, mais n’oublions jamais de garder notre poing levé et d’avancer avec fierté.