Karma is a ...

Je me suis fixé une règle fondamentale : ne pas réagir à tout ce que je vois sur les réseaux sociaux. Je ne sais pas si cela vous arrive aussi, mais il y a des sujets, des polémiques ou juste des avis, qui ont le don d'endommager réellement notre quiétude intérieure, tant ils perturbent notre système de pensée et de valeurs. Tout le monde ne peut être du même avis, heureusement d'ailleurs, sinon on s'ennuierait vraiment, mais certains sujets peuvent nous faire réfléchir pendant très longtemps et nous pousser à réagir. J'ai décidé donc de parler de la tendance du moment...

Le Karma est à la mode. Je ne l'ai jamais vu aussi en vogue. Il est invité à toutes les discussions, ajouté à toutes les sauces, bref, il s'éclate et vit sa ''best life" comme on le dit. Le Karma est l'ami des oppressés, l'espoir des opprimés, le sauveur des désespérés. Il est l'ennemi avéré des oppresseurs, un farouche antagoniste des tirants et autres personnes malveillantes. Le Karma existe pour rétablir l'ordre sur terre, rendre à César ce qui lui appartient et rendre à chaque humain la monnaie de sa pièce. Ce dogme hérité de l'hindouisme a tant et si bien était adopté par la société actuelle, qu'il est devenu le leit motiv de certaines personnes, malheureusement pour les mauvaises raisons.

Le Karma prône la conception, selon laquelle tout le bien que vous faites vous sera retourné. Tout autant que le mal. On a tendance à préférer et à s'attarder sur le dernier point. Eh oui, on jubile à l'idée de voir des personnes qui ont douté de nos compétences, nous supplier un jour pour un emploi, on prie pour que l'ex qui nous a lâchement largué revienne en rampant, pour nous implorer de le(la) reprendre, on travaille dur pour que ceux qui nous ont rabaissé, aient peur de nous approcher... On vit constamment dans l'attente de voir la roue tournée en notre faveur, et humiliée ceux qui nous font du mal.

Je trouve que c'est triste. En réalité, si l'on veut être objectif et appliquer la loi du Karma de façon stricte, si on nous a blessé, c'est parce qu'on a déjà eu à faire la même chose, différemment peut-être, mais on l'a fait. Dans ce cas de figure, personne ne devrait se plaindre ou encore attendre le malheur de qui que ce soit, parce qu'on paye toute notre dette.

Si on se positionne aussi autrement, considérons que nous avons tous à reprocher à quelqu'un de nous avoir fait souffrir, on s'arrangerait tous, on prierait fermement ou du moins on laisserait la nature faire les choses, et voir les personnes que nous avons dans notre viseur pâtir également. Vous ne trouvez pas que cela sera invivable ? On serait tous malheureux, à pleurer, à vouloir se foutre en l'air ou à chercher à guérir des blessures qu'on nous a infligés, ou plutôt de façon logique que nous nous sommes infligés par nos mauvaises actions. Un cycle sans fin...

J'estime que l'équilibre réel de la vie se trouve dans l'alternance des bons et des mauvais moments. On est déçu, on a été traumatisé par des événements, on garde des séquelles de certaines relations et alors ? Se les remémorer incessamment, espérer ardemment un revirement de situation qui mettrait d'autres personnes en position de faiblesse n'arrangera sûrement pas les choses. Imaginez un instant si le recruteur qui vous a refusé, vous disait ouvertement que vous n'aviez vraiment aucun moyen de le convaincre le jour de votre entretien, cela changerait il votre vie ? Si la femme qui vous a quitté pour un autre, ne se souvenait même plus de votre tronche ? Et encore, ce groupe d'élèves, qui vous martyrisait à l'école, qui vous avoue avoir une folle envie de recommencer si l'occasion se représentait ?

Seriez-vous soulagé ?

Que les personnes subissent ce que vous avez vécu, ne légitimera pas votre douleur plus qu'avant et ne vous guérira pas. Plus vite, vous l'aurez accepté, mieux vous vous porterez. Les familles qui ont été victimes de la folie d'Hitler, auraient peut-être souhaité un pardon, un mot de regret de sa part, un soupçon de reconnaissance des supplices qu'ils ont vécu, mais cela n'arrivera jamais. Est ce pour autant qu'ils doivent entretenir les souvenirs de ces horreurs ? Non.

J'ai conscience que cela soulage notre conscience de savoir que nos larmes et notre douleur, sont partagés et ressentis par ceux qui les ont provoqué, mais c'est un leurre. Pourquoi attendre indéfiniment, alors qu'on a la possibilité de passer à autre chose ? Tourner la page et écrire un nouveau chapitre, ne signifie pas que l'histoire précédente n'a pas existé, que les lignes que nous avons lu étaient mal écrites, cela signifie que nous en avons pris connaissance, nous avons intégré les informations et nous souhaitons passer à une autre étape.

Je suis convaincue d'une chose, tout le monde a droit au bonheur. Nous ne sommes pas tous des anges, nous ne sommes pas tous des démons. La vie est faite de ses aléas, mieux on s'en accommodera, mieux on vivra. Depuis que j'ai intégré cette perspective, je suis beaucoup plus à l'aise avec ma conscience. Si j'ai pu réparer mes torts, c'est positif, si ce n'est pas le cas tant pis. Si j'ai l'opportunité de le faire, je le ferai. Si quelqu'un me fait du mal, si une situation m'attriste, je l'accepte et j'avance. Les gens changent et évoluent, le monde est mouvement perpétuel, pourquoi devenons nous rester figer ?

Ne vous battez pas pour avoir le plaisir d'avoir une revanche sur quelqu'un, battez vous parce que vous le voulez. Ne vous fixez pas des objectifs démesurés, dans le seul objectif d'écraser vos ''détracteurs", faites le parce que vous en avez envie, parce que vous estimez que cela est bon pour vous.

La vie s'égrène trop vite, pour s'arrêter à un virage et attendre, il est possible que personne n'y passe. Prenez le temps qu'il faut pour poser des mots sur ce que vous ressentez, pour trouver les causes et chercher des solutions pour aller mieux et continuer votre chemin.

Je continuerai à rire encore pendant longtemps, à chaque fois que j'entendrai Karma is a ... .