Mes parents ne m'aiment pas
Je suis une passionnée de séries policières basées sur des faits réels. Ce qui m'attire le plus, c'est comment l'homme est présenté sous toutes ses facettes, comment la volonté de nuir naît et se construit chez quelqu'un. L'élément en commun à tous les criminels, sauf exception, est l'enfance. Ils ont tous eu un élément déclencheur, qui a forgé leur personnalité, qui est reliée à leur enfance. Bien souvent, il s'agit de leur relation avec leur parent, plus précisément de l'amour qui existe entre eux. En passant en revue leur passé, on se rend compte, qu'ils étaient tous en manque affectif. Ils ont subi des violences physiques, psychologiques en continue. Ils ont essayé de se forger avec, de trouver des alternatives, de compenser leurs besoins, mais la tournure a été tout autre.
Les parents aiment leurs enfants, les enfants aiment leurs parents. C'est naturel, c'est censé être inné. Cependant, beaucoup ont déjà prononcé cette phrase : mes parents ne m'aiment pas. Cette pensée a peut-être été dite à la volée, sans vraiment y apporter de l'importance juste parce qu'on est contrarié de ne pas avoir eu ce qu'on veut, qu'on ne cède pas à nos caprices. Elle a peut-être été mûrement réfléchie et ancrée, dans l'esprit et dans le cœur, parce qu'on a réussi à s'en convaincre, ou encore pour diverses raisons.
Tous ceux qui ont prononcé cette phrase, qui l'ont ressenti, qui ont vécu avec, ne sont pas tous devenus des criminels, heureusement d'ailleurs. Cependant, beaucoup sont des êtres en peine, en quête perpétuelle d'un complément pour combler ce vide émotionnel.
Je faisais partie de ces personnes septiques, qui refusent d'amputer une part de la détresse émotionnelle des gens aux besoins d'amour des parents. Dans ma conception, l'amour entre enfants et parents est instinctif, fusionnel. La source du problème est ailleurs. Je trouvais cela trop facile, de remettre la faute sur ceux qui se démènent nuit et jour, pour nous offrir une vie idéale. Comment peut-on douter de leur amour, et encore les considérer comme une source de nos problèmes ?
Il m'a fallu lire l'œuvre mythique de Gary Chapman : les 5 langages de l'amour, pour que ma vision des choses change radicalement. Selon les écrits de Gary Chapman, l'amour s'exprime principalement sous 5 formes : les paroles valorisantes, les moments de qualité, les cadeaux, les services rendus et le contact physique.
Il m'a ouvert les yeux, et m'a fait comprendre que l'amour est pluriel aussi bien dans la manière de l'offrir que de le recevoir. J'y ai découvert que l'amour ne se limite pas à l'expression, que chaque être à besoin de ressentir et exprime son amour différemment. Plus la personne en face nous communique son amour dans le langage que nous comprenons, plus l'affection envers elle grandit.
Ce livre m'a permis de faire une introspection, d'analyser quel était mon langage d'amour, mais surtout celui de mes parents. J'ai compris beaucoup plus tard, que de nombreux gestes de leur part étaient des marques d'affection. Cela m'a conforté sur le fait que mes parents m'aiment et m'ont toujours aimé. Malheureusement, tous les enfants et les parents ne s'en rendent pas compte.
L'éducation que nous recevons, nous conditionne. Elle nous met dans un canevas de pensées, d'actes, qui motivent nos agissements. Il n'est pas évident de s'en défaire. Pour une personne qui a grandi, sans jamais entendre des mots doux et affectueux d'encouragements, qui n'a jamais eu le plaisir d'être réconforté dans des bras chauds, qui n'a pas pour habitude de recevoir des cadeaux et encore moins d'entendre, je t'aime, il sera difficile, voire impossible de faire autrement. Le langage d'amour le plus couramment utilisé par nombre des parents est celui des services rendus. C'est répandu d'entendre : je paye ton école, je te nourris, je te vêtis, etc. . Ces faits, qui font partie objectivement des devoirs des parents envers leurs enfants, deviennent une forme de preuves d'amour. En grandissant, nous arrivons à faire la distinction. Nous comprenons que nous dépendons de nos parents, et que tous ces actes nous sont dûs. Nous sommes à la recherche de plus. Dès cet instant, naissent les frustrations.
Chaque personne est dotée d'un réservoir affectif, qui se remplit quand il reçoit la quantité d'amour sous la forme qu'elle comprend. Par exemple, pour quelqu'un qui est sensible aux cadeaux, lui dire quotidiennement, je t'aime n'aura pas autant d'effet, et vice-versa. Les enfants évoluent, et leur besoin affectif également. Ils deviennent de plus en plus sensibles à un langage en particulier. C'est en instaurant la communication autour de ces sujets, qu'on peut percevoir le besoin de l'enfant.
C'est beaucoup plus simple de cajoler un bébé, de lui faire des bisous, lui acheter des jouets, lui dire qu'on l'aime, jouer avec lui, qu'un adolescent de 16 ans. Mais cela ne doit pas s'arrêter. Être parent s'apprend, même si on refuse de l'admettre. Couvrir son enfant d'amour, ne fera pas de lui un être pourri gâté, mais une personne stable et équilibrée, qui contribuera à son tour à semer des bonnes graines, dans les prochaines générations.
Je reconnais que les parents font comme ils peuvent, ils s'inspirent du modèle qu'ils ont reçu et s'adaptent. C'est à nous d'essayer de changer les choses, de les améliorer et de faire mieux. Un enfant ne se résume pas à un petit poupon rose, à un mini nous. Un enfant est une responsabilité, pas seulement pour nous, mais surtout pour la société. Nous devons nous assurer d'avoir en notre possession les outils, les armes pour l'accompagner dans son développement sur tous les plans.
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