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Ni oui, Ni non

Prendre des décisions est la chose que j'appréhende le plus dans la vie d'adulte. Je l'ai vaguement évoqué dans mon précédent article, Papa avait raison, que je t'invite à lire, si ce n'est pas encore fait.


Un âne mourant de faim et de soif, se trouva à distance égale d'un tas de foin et d'un seau d'eau. Devant ces deux éléments pouvant satisfaire ses besoins vitaux, il ne put faire un choix. Il mourut donc, en hésitant longuement sur le besoin qu'il était urgent de satisfaire, manger ou boire.


Je parlais avec ma tante, quand elle m'a sorti cette histoire, tirée des réflexions philosophiques de Jean Buridan. Le paradoxe de Buridan nous pousse à nous questionner sur notre capacité à prendre des décisions importantes.

Prendre des décisions est la chose que j'appréhende le plus dans la vie d'adulte. Je l'ai vaguement évoqué dans mon précédent article, Papa avait raison, que je t'invite à lire, si ce n'est pas encore fait.


J'estime que lorsqu'on est enfant, la vie est facile. On se comporte comme une feuille, qui virevolte au gré du vent. Insouciants, rêvassants, nous dépendons des fluctuations de notre entourage. Certes, cela peut être positif ou négatif, mais nous ne vivons pas perpétuellement dans la crainte de ne pas faire le bon choix.

En grandissant, nous avons de plus en plus de responsabilités, nous devenons conscients du monde qui nous entoure, des opportunités, mais aussi des dangers. La pression évolue crescendo en pensant aux conséquences de nos choix. Nous cherchons des solutions, des repères et de temps en temps des boucs émissaires pour justifier nos échecs ou nos déboires. On accuse les Hommes, la société, le système, des entités intangibles - chez moi, on parle beaucoup des sorciers du village, ou les circonstances de la vie, en parlant de destin.


Écris ton destin, prends ton destin en main, sois maitre (sse) de ton destin, sont des phrases que l'on entend à répétition dans les discours de motivation. Le destin est une notion fortement reliée à la religion et à la spiritualité. Il se définit comme la succession des évènements de notre vie dans un ordre précis, sous l'influence d'une entité supérieure.

En tant que musulmane, la croyance au destin fait partie des piliers de la foi en Dieu. Croire en Dieu, revient à affirmer avec les actes et la parole, à être convaincu intérieurement que tout le bien ou le mal qui nous arrive n'est pas le fruit du hasard, mais de la volonté divine. Tout ce que nous vivons au quotidien, a déjà été préétabli, nous ne faisons que suivre le cours du ''scénario".


Où est notre part de responsabilité ? Si nous croyons au destin, de façon absolue, avons nous un réel impact sur notre destin ? Si tout a déjà été écrit, nos choix peuvent ils intercepter notre réussite ou nos échecs ?

Ce sont les questions que je me pose, depuis que j'ai commencé à penser au mariage. Comment je saurais que c'est la bonne personne ? Comment je ferais pour choisir entre plusieurs propositions ? Dois-je attendre que le prince se présente ? Où dois-je provoquer le destin ?

Pour moi, le mariage est une étape majeure dans la vie d'une personne. Décider de s'unir avec quelqu'un, jusqu'à ce que la mort nous sépare est effrayant. Contrairement à nos ambitions professionnelles, à nos objectifs spirituels et à nos relations sociales, le mariage impacte à lui seul toutes les dimensions de nos vies.


Bien vrai qu'on peut se remarier, le divorce n'est pas une option qu'on prend en compte quand on convole en noces. On pense au bonheur éternel, à la saveur de l'amour partagée, on s'imagine braver toutes les intempéries. La réalité apparaît tout autre, et laisse place à de nombreuses désillusions.


J'ai peur, j'ai peur d'avoir à faire un choix, qui bouleversera sûrement ma vie entière. Je suis introvertie. J'aime bien mon confort, rester dans mon univers. Cependant, je n'ai pas eu peur de changer de pays trois fois au cours de mon cursus scolaire. Je n'ai pas eu peur de perdre une année, en changeant de filière. Je n'ai pas peur de souvent oser, et de chercher des opportunités. Toutes ses décisions n'engagent que moi. Je ne suis pas liée aux souhaits ou aux désirs de quelqu'un.

Néanmoins, l'idée de devoir choisir un conjoint pour la vie, me tenaille au point d'en faire des crises d'angoisse. Confier mes peurs, parler de mes traumatismes, partager mon quotidien, laisser quelqu'un avoir un impact sur mon humeur et mes choix, ne me rassure pas. À chaque fois que j'en parle autour de moi, on me demande de prendre mes responsabilités et d'assumer mes choix. On me demande de beaucoup prier, et d'invoquer et de faire confiance à Dieu, car Il est le maître du destin.

Toutes ses suggestions m'ont amené à en apprendre plus auprès des savants de l'Islam. J'ai découvert que le destin est composé de plusieurs possibilités. Tout ce qui arrive, n'est pas fortuit, mais est étroitement lié à notre libre-arbitre, à notre choix d'action ou d'inaction. Si nous croyons que nous ne devons rien faire, et que la pluie et la semence, nous viendrons du ciel, nous mourrons. Nous mourrons, sûrement, comme l'âne qui avait tout et qui est mort par indécision.

L'indécision se nourrit de peurs. La peur de l'échec, de s'imposer aux autres, d'avoir à porter de grandes responsabilités, la peur de ne pas être à la hauteur et surtout le manque d'estime de soi, sont des sources potentielles. J'ai compris que ce qui me faisait le plus peur, ce n'était pas le mariage en lui-même, mais le choix à faire. Ce qui me ronge de l'intérieur, ce sont toutes ces peurs, que je cultive jour après jour. J'ai toujours eu le réflexe de m'appuyer sur mes parents, sur mon entourage pour certaines décisions, devoir voler de mes propres ailes est difficile à concevoir pour moi.


Une chose est sûre, peu importe la décision qu'on décidera de prendre, que nous croyons au destin ou non, nous devons guérir nos peurs intérieures. Je sais que tant que j'aurais une faible estime de moi, une envie de satisfaire le regard des autres, de me conformer à certaines attentes de la société, je serais toujours prisonnière de mon indécision. Je n'arriverai pas à me détacher de l'idée, de rester passive et d'attendre un miracle divin.

Tout au long de la vie d'adulte, il faudra décider, pour tout. Mais je suis convaincue, qu'un choix assumé vaut mieux qu'un regret anticipé.





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