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Papa avait raison...

La vie d'adulte paraît si simple, jusqu'à ce qu'on la vive.


Avant, quand j'étais enfant, que je voulais sortir me promener, aller voir mes copines, '' découvrir le monde '', mon papa me répétait tout le temps : ma fille, le monde est difficile, il est difficile pour tous, il l'est encore plus pour les femmes, pour les femmes noires et encore pire pour les femmes noires musulmanes. Le monde n'est pas rose, tout le monde n'est pas un bisounours tout doux et gentil.


Il me disait que pour s'en sortir, il fallait trouver le juste-milieu. On ne doit pas se méfier de tout et de rien au point de devenir parano. On ne doit pas faire confiance à tout le monde au risque de voir sa vie devenir un moulin tournant au gré des humeurs des gens. Il fallait montrer ce qu'il fallait au moment où il le fallait à qui il le fallait, tout dans la mesure.

J'ai grandi avec ses conseils, les gardant précieusement dans ma tête en essayant de me faire ma propre idée du monde.


Aujourd'hui, aux portes de la vie d'adulte, je ne puis dire que Papa avait raison. J'avoue que je n'étais pas prête à faire face à la dure réalité de ce qu'on appelle la vie. Maman m'a toujours dit que l'intelligence de l'école, c'est bien, mais celle de la vie est tellement différente et importante. Je comprends mieux.

Quand on est petit, tout est simple. Nos parents choisissent nos vêtements, nos repas, notre école, nos fréquentations... Ils guident nos pas, vers la spiritualité, vers la société... Ils créent des garde-fous pour nous mettre dans un canevas de réussite. Ce n'est souvent pas le cas pour tout le monde, mais c'est la règle générale.


Puis on grandit, on apprend à nos dépens que nous devons faire nos propres choix de vie. Nos parents ne sont plus là pour nous courir après, pour nous attraper avant même qu'on tombe. Ils deviennent juste des conseillers, qui essaient tant bien que mal de nous aider à rester dans la voie qu'ils ont commencé à tracer, en nous laissant le choix des outils et du modèle qu'on souhaite utiliser pour continuer à le construire.


Qu'est-ce que c'est difficile ! Avant, les choix que j'avais à faire se limitaient à la couleur de mes chaussures, le menu de mon goûter sans que cela constitue un changement significatif dans ma vie . Aujourd'hui, tout a de l'impact. Le mode de vie, la compagnie, les projets d'avenir.

Un oui, un non, un sourire, un commentaire, un geste, un acte, tout a de l'impact... Aussi minime que cela puisse paraître sur le coup, on se rend souvent bien trop tard des répercussions.


Je n'étais pas prête, je ne suis toujours pas prête, je ne le serais peut-être jamais, à faire face à mes choix, à les assumer et à avancer.

Je n'étais pas prête, je ne suis toujours pas, je ne le serais peut-être jamais à accepter qu'on ne reçoive pas ce qu'on donne, que le sentiment d'être incompris (e), de ne pas être à la hauteur, de ne pas se sentir à sa place, de mériter ou pas ce qui nous arrive peut demeurer longtemps.

Je n'étais pas prête, je ne suis toujours pas, je ne le serais peut-être jamais, à comprendre que la réussite va plus loin que les résultats excellents à l'école et que le bonheur implique beaucoup plus qu'un simple confort matériel.


Je n'étais pas prête, je ne suis toujours pas, je ne le serais peut-être jamais, à comprendre que l'organisation ne suffit pas à atteindre ses objectifs, que la gestion du stress, la gestion des émotions, l'environnement social et la santé mentale ont une influence majeure sur notre capacité à nous réaliser.


Je n'étais pas prête, je ne suis toujours pas, je ne le serais peut-être jamais, à comprendre pourquoi les gens agissent ainsi, à jongler avec plusieurs masques, à prendre plaisir à piétiner et à anéantir la douceur, l'innocence, la bonté des autres.


Je n'étais pas prête, je ne suis toujours pas, je ne le serais peut-être jamais, à me résigner et à comprendre que la vie n'est pas rose, que malgré le chemin d'émeraude qu'on essaie de bâtir vers le royaume d'Oz, il y aura toujours des ronces et des épines.


Aujourd'hui, face à mes responsabilités et à ma réalité, je suis totalement convaincue que papa avait raison. Le monde n'est pas semblable au royaume des bisounours et c'est difficile de se retrouver quand malgré tout, on arrive à voir de la douceur même chez le plus féroce des ours...


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