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Pour le meilleur et surtout le pire


Lorsque dans les bénédictions de la famille à mon endroit, j'ai commencé à entendre : Allah tchêgnanaman di (Que Dieu t'accorde un bon mari, en Malinké), j'ai compris qu'il fallait commencer à penser au mariage.


Ah le mariage, ce fameux jour, le fameux jeudi dans la tradition malinké. Ce jour où parer des plus beaux bijoux, dans les plus belles tenues, entourée de sa famille, de ses amis, on va s'unir pour le meilleur et le pire,dans la santé comme la maladie, jusqu'à ce que la mort nous sépare et que le paradis nous réunisse.


Le mariage vu d'en haut à l'air si beau. J'avoue que je l'idéalise. Pour moi, on rencontre une personne, on a des papillons dans le ventre, c'est le coup de foudre. C'est notre âme-sœur, on le sait, on le sent. On se marie, on vit notre vie, on traverse les épreuves et obstacles, on grandit, on murit ensemble, on construit l'avenir de nos enfants, en pleine quiétude et dans le bonheur complet. L'histoire d'amour de mes parents a toujours conforté cette image. Je vous la raconterais peut-être un jour.

Pour moi le mariage, c'est un havre de paix, il ne peut qu'en être ainsi. C'est une union qui dépasse le réel, elle a un caractère spirituel. Ce n'est pas une amourette, un instant dans le temps, c'est un engagement pour l'éternité.


Le mariage vu d'en haut à l'air si beau. Je me suis bercée à l'image des robes blanches, des déhanchements endiablés sur la piste de danse, des voyages, du partage, des sourires, des fous rires, des moments de complicité, de ces regards chargés de tendresse, de ces moments inédits quand on accueille notre premier bébé, des premières frayeurs, des prières assidues pour surmonter les problèmes, des larmes qu'on sèche, des mots qu'on se dit sans ouvrir la bouche, de cette connexion de cœur, d'âme et d'esprit. Je crois au mektoub, je crois au destin, j'ai la ferme conviction que tout est écrit, et que sur la terre se trouve des âmes jumelles qui attendent d'être réunies.


Cependant, le mariage vu de l'intérieur, est tout autre. L'un des conseils fard prodigué aux jeunes mariées malinké, c'est Mounyou ani sabari, supporter et pardonner. La réussite du mariage résiderait sur ces deux piliers, savoir supporter et savoir pardonner. Ce n'est pas mauvais en soi, jusqu'à ce qu'on se rende compte des revers. Le mariage, j'y pense, souvent, mais avec beaucoup plus de reculs. Je me demande qu'est ce que je serais prête à pardonner, qu'est ce que je serais prête à supporter, au nom de l'amour ou au nom du mariage ?


Je suis tiraillée entre le conte de fées et l'amère réalité. Le mariage est un mélange des deux dits-on, c'est pour cette raison qu'on parle de foyer. Il est aussi chaud et réconfortant, que douloureux et brûlant, et on doit s'y faire. Moi, j'ai du mal à accepter. J'ai du mal à concevoir et intégrer, qu'une union d'une telle beauté, doit être entachée de douleurs et de souffrance. Il faut pardonner les infidélités, accepter d'être souvent humilié.e, supporter les mensonges, passer sur des dérives. Il faut taire, souvent sa raison, et surtout ne jamais réagir sous le feu des émotions. Dans le mariage, pour réussir, il faut jongler entre sucré et pimenté.


Je ne comprends pas, je ne comprendrais peut-être jamais cet état de fait. En observant autour de moi, des expériences de personnes proches ou non, je réfléchis énormément. Lorsque je rencontrerais ma personne, celui qui fera battre mon cœur à la chamade, qui me correspondra, devrait, je être capable de tout accepter ? Quel exemple, je serais aux yeux de mes sœurs ? Quand j'aurais des filles, quels conseils leur donneraient je ? Je dirais que l'amour, c'est beau, c'est doux, c'est merveilleux, mais qu'il ne faut pas trop s'accrocher ? Que le mariage est un système, où sans ingéniosité, personne n'arrive à tirer son épingle du jeu ? Je ne sais pas comment je réagirais.


Une chose est certaine, j'ai décidé de fixer mes règles, de poser mes limites, de me concentrer sur moi. Le mariage oui, mais à quel prix ? Je veux me marier pour le meilleur, je me prépare au pire, mais je ne vivrais pas pour lui.


Je pense qu'on devrait s'inspirer des expériences des uns et des autres, se faire sa propre opinion, mais surtout assumer ses choix n'en déplaisent au commun de la société. Le mariage est doux, il est beau vu d'en haut, il ne tient qu'à nous de choisir l'intérieur.

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